Rencontre avec soi-même à Phu Quoc

En 2020, pendant que le COVID battait son plein en France, je vivais au Vietnam. J’ai été licenciée du jour au lendemain après 9 mois dans une start up où je travaillais 60h/semaine dans un bureau bocal. En visite chez une amie dans le sud du pays, j’en ai profité pour partir quelques jours me reposer sur l’île de Phu Quoc. Première fois que je partais toute seule quelque part. J’avais trouvé un petit hôtel au bord de la plage, avec un petit resto paillote qui servait de bons repas. L’île d’habitude très fréquentée était presque déserte. Les paillotes des plages étaient abandonnées, beaucoup d’établissements avaient fermé. Les cigarettes de l’île avaient un goût que je n’aimais pas, je ne fumais donc plus. Je me levais tôt, prenais mon petit-déjeuner face à la mer, un carnet et un stylo avec moi. J’étais encore fatiguée du rythme de ce job et je n’avais pas énormément d’énergie. J’ai commencé à observer ce qui se passait autour de moi, puis en moi. Le fait d’être seule sur une île m’a tout de suite ramené à un état de présence différent : mon bureau bocal et les bruits de Hanoi n'étaient qu'un lointain souvenir. Je n’avais rien à penser ou à programmer, mais juste être : quel bonheur, quelle découverte.

Just Kids de Patti Smith dans mon sac, une écharpe/foulard pour le soleil : les seules choses dont j’avais besoin. Je lisais toute la journée sous la paillote de la plage abandonnée. Je m’arrêtais pour faire une sieste ou observer les palmes du cocotier. Je me promenais le long de la plage, m’arrêtais prendre un verre, je me laissais guider par mes envies. C’était étrange de ne pas parler ni échanger avec quelqu’un. Un silence pesant au début, mais qui m’a permis de me mettre à l’écoute d’autre chose : mon corps, mes ressentis, mon intuition, mes émotions.

Ces quelques jours étaient irréels, mais d’une simplicité folle à la fois. J’y repense très souvent, et garderai ces sensations et ces images au fond de moi pour toujours.

Sous le charme est en partie né après cette pause magique avec moi-même.

Je ne retournerai pas demain sur une île comme celle-ci, mais depuis, j’adore passer du temps avec moi-même, ÊTRE simplement. Le temps d’un café, le temps d’une ballade. Revenir à l'essentiel.

Voici un petit texte écrit sur cette île, assise à la terrasse du restaurant de l’hôtel, face à le mer:

Je regarde ce carnet depuis plusieurs jours maintenant sans jamais y avoir vraiment écrit. Pourtant, il me suit partout, je le sors, pose le stylo à ses côtés, mais rien. Pourtant, j’aurai pas mal de choses à dire et à écrire, qui parfois se formulent dans mes rêves ou dans des moments d’égarement. Je profite des beautés de l’île quelques jours. Pas d’emploi du temps, je me laisse porter les pieds dans l’eau.

En face de moi au large, deux pêcheurs dans un petit bateau de fortune qui ressemble à une coquille de noix renversée, sont là avec une canne à pêche minuscule à attendre que quelque chose morde à l’hameçon. Le soleil est doucement en train de se coucher et les rayons qui rasent l’eau m’empêchent de bien les distinguer. Je vois le petit bateau bouger au rythme des vagues qui le soulève, et deux formes humaines. L’un deux porte un chapeau, l’autre tient la canne à pêche entre ses mains à l’avant du bateau. Je vois le tout en bleu marine. De quoi peuvent-ils être en train de parler ? Parlent-ils tous les deux ? Ou bien l’un parle et l’autre écoute en attendant que le temps passe ? J’imagine que l’homme au chapeau à l’arrière du bateau est plus âgé, plus sage et qu’il enseigne au plus jeune pêcheur comment bien incliner sa canne. Peut-être même lui donne t’il des conseils sur la vie, peut être lui raconte t’il comment était l’île il y a 30 ans. Sauvage, insoumise, irréelle…

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Rivière et résilience